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Aleksandra

La démarche artistique globale de l’artiste          

          Dès le début j’ai commencé à créer  des objets classiques de pierre, bois ou céramique traités de manière abstraite, minimaliste et sensuelle;

en parallèle j’ai établi de nombreux projets d’installations de plus grande dimension, destinés à être installés  dans la nature, des parcs, sur des places; certains d’entr’eux ont fait l’objet de commandes et de réalisations ;

j’aime associer des matériaux différents.

          Mais mon crédo artistique ne se réduit pas à une poétique de la forme. Je m’intéresse à l’Homme, à son destin sur la Terre, à la Nature, aux caprices du hasard, aux coïncidences, à l’imprévisibilité, aux rencontres et aux adieux. Je cherche à apprivoiser, à ordonner, à transmettre et visualiser ces notions philosophiques.  J’applique des lois mathématiques,  physiques,  utilisant

une  stéréotomie drastique pour mettre en valeur la  beauté des formes élémentaires.  Le  minimalisme stimule mon imagination.

Mes œuvres sont souvent aux contours  imprécis ; on pénètre dans certaines d’entre elles, on s’y engage.

          La création d’un collectif d’artistes avec Alain Lapicoré à la fin

de 2013 ouvre une nouvelle fenêtre à mes activités  et vient compléter, renforcer même, mes activités précédentes.

En particulier  la création dans les zones arides, la rencontre de ceux

qui y vivent me sensibilisent au respect des populations et de leur environnement et me font découvrir le lien fort qui existe

entre  l’Art et la Nature.

 

 

Alain

La démarche artistique globale de l’artiste

          Après un cursus « sculpture » classique en atelier, j’ai commencé

en 2003 à voyager de manière systématique vers des régions montagneuses, désertiques, des iles. J’atteignais mon but d’associer montagne, désert, marche, à la création artistique que je pratiquais séparément.

Impression excitante, à postériori, de constituer un puzzle avec

des éléments, parfois anciens, parfois dérisoires  de ma vie,

mais où chaque pièce a sa place.

          J’accompagne ma trace sur le terrain par des signaux humbles,

solides et fragiles à la fois, provisoires. Le  nomade que je suis s’installe dans

ce cheminement en faisant naître des installations au gré des paysages,

de la lumière et de la Nature.

          Marcher, regarder et voir, apporter ma pierre à l’édifice de la Nature.

          Je lui rends hommage d’être ce qu’elle est au moment où je passe: mes mains bâtissent un signe rapide, fugace, pour marquer l’instant de notre rencontre dont je garde la trace photographique,  avant de l’abandonner au vent du désert ou aux premières neiges.

          Souhait de partager les lieux et les instants de ces rencontres.

Depuis septembre 2013 je suis en résidence chaque mois  au Centre Polonais de Sculpture d’Oronsko.

          Me ressourcer, faire le point sur les activités passées,

          échanger avec d’autres, préparer des projets à venir.

Je souhaite que chaque œuvre soit un catalyseur, un révélateur de la nature environnante.

          Surprise, curiosité, adhésion ( ?) pour l’œuvre,

          appréciation pour l’environnement.

 

 

 

Conférence Internationale : la sculpture aujourd’hui III           Art et Nature,        Oronsko – Wroclaw, 18-21 octobre 2018

 

Alain Lapicoré & Aleksandra Lawicka-Cuper

L’ATELIER au-delà de l’HORIZON

​ALAIN

            Je suis né dans une bastide située sur la rive de la Dordogne dans le sud-ouest de la France. Mon enfance s’est passée avec les enfants de mon âge dans les bois et les grottes que la rivière a creusé dans les parois calcaires de sa vallée. Quand j’ai eu dix ans, notre instituteur amena ses élèves les plus grands dans les Pyrénées. Ce fut pour moi une révélation. De cet âge à dix huit ans, j’ai passé un puis deux mois chaque été dans un camp de vacances situé dans la Vallée d’Aure. Randonner en montagne puis attendre les sommets, enfin les escalader ont été mes activités successives.

            Ma famille quitta le Sud-ouest pour la région parisienne quand j’avais treize ans, puis pour la Provence quand j’avais dix neuf ans. Les Calanques près de Marseille et leurs magnifiques falaises, la Montagne Sainte Victoire près d’Aix-en Provence, ont confirmé l’attachement particulier que j’avais avec l’escalade. Je devins un initiateur pour les membres de mon club de montagne mais mes études universitaires puis mon travail de physicien m’éloignèrent progressivement de ces activités. Demeuraient toutefois des séjours rafraichissant en montagne pour la randonnée en été et le ski en hiver.

            Bien plus tard, en 1986, alors que j’étais détaché dans un laboratoire de physique britannique, j’ai découvert les œuvres d’Henry Moore dans la Tate Gallery de Liverpool. J’ai été séduit par ses petites maquettes, particulièrement ses « reclining figures » en plomb qu’il avait fondu dans son jardin hors de Londres pendant la seconde guerre mondiale. Pour m’exorciser, j’ai moi-même fondu plomb, cuivre et  étain dans un laboratoire auquel j’avais accès.

            Dix ans plus tard, en Belgique, j’ai commencé une formation en sculpture à l’Ecole des Arts de Braine l’Alleud ; j’ai commencé, bien sûr, avec de petites « reclining figures », mais progressivement, je me suis libéré de la forte influence de Moore.

            Marcher dans les déserts, sur les montagnes, dans les zones sauvages a toujours été une de mes activités régulières d’adulte. Autour de l’an 2000, au lieu de ramener des pierres pour les utiliser comme modèles pour mes sculptures, j’ai commencé à créer pendant mes marches avec les matériaux trouvés sur place. Je prenais des photographies de ces créations pour en garder la trace pour être plus tard exposées. Je venais d’entrer dans le Land-Art.

 

            Le nomadisme, le voyage, peuvent être le processus de création de l’œuvre d’art.        Bruce Chatwin, 2005

 

            J’ai développé mon propre concept en créant le même type de sculpture, en empilant successivement une pierre sur le sommet  de celle d’en dessous. Je ne les nommais pas. Elles étaient ma signature le long du chemin que je parcourais. J’ai laissé ainsi plus de mille signatures sur une période de douze ans pendant mes voyages. A cette époque j’étais conscient que chacune était le symbole de ma présence tel jour en tel lieu, et que toutes ensemble elles représentaient la partie visible de mon travail artistique. Tous mes voyages* étaient consacrés à cette activité, souvent en parallèle à un trek, une randonnée.

            Quand j’ai rencontré Aleksandra en 2013 je pratiquais ce type de créations depuis douze ans. 

*voyages 2002-2013

Jordanie (Akaba, WadiRam, Petra), Argentine (Aconcagua), Chili (Valparaiso), Maroc (Draa, Atlas, Todra, Dades, Figuig), Tunisie (Djerba), Saint Domingue, Madère, Porto Santo, Libye (Akakus, Cyrénaïque, Tripolitaine), Egypte (Sinaï), Mexique (Yucatzan), Guatemala, Bélize, Chypre, Turquie (Cappadoce), Portugal (Faro), Espagne (Navarre, Rioja, Leon Galice, Baléares, Lanzarote), Palestine, Israël, Suisse, Italie, Algérie (Tamanrasset, Hoggar), Malte, Gozo, France (Alpes, Pyrénées, Vosges, iles du Frioul), Chypre, Crète, Pologne.

 

 ALEKSANDRA

                        J’ai hérité de la sensibilité et du respect de la nature dans mes gènes. Etant une fille de Varsovie, j’ai eu la chance de grandir à côté de la forêt de Kampinos. Je me souviens de l’odeur des pins, du sable chaud, de la bruyère. Chaque année jusqu’à mon adolescence je passais mes vacances dans un petit village au bord de la rivière Bug dans une ferme paysanne typique. Il n’en n’existe plus maintenant ; vous pouvez seulement les voir dans les musées de plein air. Je me souviens parfaitement de l’atmosphère, des odeurs et des sons. J’ai aussi découvert la randonnée en montagne et la voile sur les lacs. Quand j’étais adolescente, je suis allée à deux reprises à la découverte des sommets proches de Cracovie et de Czestochowa ;  j’ai randonné dans les Tatras puis, plus tard pendant mes études, dans les montagnes de Bulgarie et de Roumanie. Cela m’a marqué pour ma vie entière.

            Malgré un tel attachement à l’environnement naturel, je devins une architecte. Le béton armé, les grosses structures et les éléments de construction n’ont rien de commun avec la Nature, en particulier à cette époque là où je vivais. J’ai continué à chercher ma voie et je l’ai découverte à l’Académie de Beaux Arts de Varsovie.

            Mes premières œuvres sculptées ont été faites de pierre, de céramique, de bois. Elles avaient souvent des formes organiques ; elles n’avaient qu’un lointain rapport avec l’environnement. Très rapidement m’apparut le besoin de respirer en plein air, dans des espaces environnementaux plus naturels.

            En conséquence j’utilisai des matériaux tels que pierres, bois , branches, osier, foin pour mes travaux et mes installations. Puis l’idée me vint de traiter la Nature comme un être autonome digne d’admiration, d’animation et parfois d’interprétation.

            Au même moment je ressentis le besoin de créer des espaces dans lesquels on peut s’immerger et sentir qu’on fait partie du travail. A un moment historique, après l’ouverture des frontières, j’ai saisi l’occasion d’enrichir mes paysages habituels par de nouveaux autres, à l’étranger.

            Et c’est comme çà que mes chemins créatifs croisèrent ceux d’Alain.

 

ALEX & ALAIN

 

L’Etre humain n’est pas dans la Nature comme un empire dans un empire, il est une partie intégrale de la Nature.

Spinoza

 

La vie a été et est toujours artiste dans ses qualités inventives et créatives ; l’esthétique semble faire partie de manière indifférenciée et non isolée de la créativité.

Henri Bergson

 

Il y a une continuité en promotions successives entre l’art naturel, l’art animal et l’art humain.

Etienne Souriau

 

            Au moment de notre rencontre en 2013 nos chemins artistiques n’étaient pas totalement identiques mais nous avons découvert rapidement que notre vision des autres, de la Nature et la relation que nous avions avec eux étaient similaires. Nous aimons rencontrer les autres, marcher, nager, skier ; nous sommes tous les deux attirés par les zones sauvages, les déserts à visiter sac au dos, rencontrer les personnes qui y vivent.

            Nous sommes sensibles à l’impression de beauté et à l’émotion esthétique présentes dans les plantes et les animaux ; nous sommes captivés par leurs couleurs, leurs formes, leurs odeurs et leurs attitudes. Si nous n’essayons pas de les copier, très souvent elles nous stimulent et nous ouvrent des portes qui ne sont pas familières même de détecter : durant une marche nous sommes totalement envahis et nous atteignons un point de symbiose avec l’environnement qui nous entoure.

            A partir de là il est évident que nous réagissons en artistes, in situ. Nos créations sont modestes, placées comme des signaux au long du chemin que nous suivons. Nous utilisons le bois, les pierres ou la végétation qui nous entoure  en guise d’offrande que nous renvoyons à la Nature pour la remercier de ce qu’elle nous offre.

 

C’est le paysage qui crée la sculpture

Martha Palmer

 

            Le paysage stimule notre talent créatif. Nous l’utilisons souvent comme un nid autour de notre travail, ou plus précisément, notre travail essaie de révéler sa beauté.

            En procédant ainsi, nous nous éloignons des tendances artistiques actuelles. Nous nous passons de curateurs, de galeries, nous comptons juste sur notre propre jugement/impression ; nous retournons à une pratique utilisée il y a quarante ans par des artistes principalement Anglais ou Américains : Hamish Fulton, Andy Goldsworthy, Richard long. Certains d’entr’eux sont encore actifs aujourd’hui.

            Notre travail est fait spontanément dans un paysage donné avec les matériaux trouvés sur place. Il est compulsif, éphémère et discret. Il reste sur place. Nous ramenons simplement une photographie, pas le travail lui-même.  

Ce qui est présenté en galerie une copie du travail faite avec notre interprétation. Nous savons qu’une photographie, même excellente, ne peut pas rivaliser avec une sculpture 3D installée dans la pièce.

 

Jusqu’à la fin je vais faire mon possible pour que l’on puisse compter au rang d’œuvre d’art la maison où je dois vivre, les vêtements que je dois porter, la nourriture que je dois avaler. Je vais même plus loin : je souhaite concevoir ma vie elle-même comme le chef d’œuvre d’un artiste.                   Nagaï Kafû, 1916

 

Ce symposium nous donne l’occasion de présenter en détail quelques chemins qui sont les nôtres pour une meilleure compréhension. Brièvement, nous allons détailler :

 

 

L’importance de la marche dans notre processus de création, notre nomadisme :

            Nous connaissons tous les moyens utilisés par les artistes pour stimuler leur créativité avant ou pendant leurs périodes de création ; les nôtres sont très simples et naturels : marcher. En général une heure de marche dissout les problèmes que nous avons en tête, les questions polluant nos cerveaux. Nos muscles sont échauffés, notre vue, notre odorat, notre écoute sont en alerte, prêts à capturer tout élément d’intérêt à notre portée. Nos corps sont vus et visibles (Merleau-Ponty).

            Le paysage est sélectionné, les matériaux sont trouvés, le travail peut commencer.

 

Nos expériences artistiques dans les déserts, les montagnes, les iles.

            Nous aimons les régions reculées ; elles représentent pour nous des zones où la Terre est dans des conditions originelles, intactes ; nous pouvons travailler avec des pierres, du sable, du bois mort, de la neige, de la glace, la lumière et l’ombre dans des paysages de grande beauté. Toutes ces ressources naturelles sont précieuses pour l’artiste. Même si les déserts sont moins accessibles aujourd’hui qu’il y a quelques années, il y a en et autour de l’Europe assez de zones remarquables pour nous alimenter jusqu’à la fin de nos jours. Certaines ont abrité des implantations humaines aux temps préhistoriques ; nous sommes toujours très sensibles à ces présences passées : joie et humilité de faire partie de la chaine humaine.

            Nos travaux :

            Ils sont faits en temps limité, certains sont meilleurs que d’autres. Nous essayons de créer un contraste entre la forme créée et le paysage environnant. Nous aimons jouer avec l’ombre et la lumière, la transparence, des variations de couleur ou de densité optique. Tous ces effets sont extrêmement délicats et n’apparaissent pas aisément dans la lecture rapide de la photographie que l’on expose. Quoiqu’il en soit nous aimons ce type de création car il est authentique.

Faisant cela, nous sommes nous-mêmes.

            Note : une partie de nos travaux sont faits d’une manière plus classique : en réponse à un appel à projets, après sélection par curateur, au cours d’une résidence pour la création. Nous participons aussi  à des symposiums de sculpture/installations, tout en essayant de maintenir un équilibre entre nos activités de commande et « libres ». Nous faisons notre possible pour garder la Nature dans nos travaux.

 

 

Importance de rencontrer  et d’échanger avec les habitants des zones de travail.

            Créer sur une plage, le bord d’une rivière, le sommet d’une colline ou sur une place en ville amène des personnes à venir à nous et de demander : que faites-vous ? Chaque fois nous répondons : çà vous plait ? Un petit ou un large sourire illumine la face du visiteur. La curiosité est un défaut dans notre culture européenne, ce n’est pas le cas dans d’autres culture et çà nous plait.

            Dans les zones reculées nous sommes intéressés par les paysages, les matériaux mais aussi les personnes qui vivent là. Nous adoptons souvent leur mode de vie car nous n’avons pas le choix. Les locaux aiment çà. ; plus important : nous ne sommes plus des touristes parce que nous travaillons et que nous nomadisons comme ils avaient l’habitude de le faire dans leur vie passée ou comme ils continuent quelque peu de le faire. Nous avons parfois remarqué qu’ils pouvaient être flattés de nous voir prendre intérêt dans des matériaux de peu de valeur pour eux comme les pierres pour faire nos créations. Maintenant sédentarisés certains d’entr’eux regardent notre mode de vie (temporaire) avec quelque intérêt et un peu d’envie.

            Manger leur nourriture, dormir dans les petites auberges locales, voyager par car, taxi collectif, auto stop, marcher nous procure des contacts basiques  mais de qualité avec eux.

            Suivant Nagaï Kafu nous considérons que toutes ces expériences et souvenirs sont fortement liés à nos créations et en font, d’une certaine manière, partie. Ils font partie de la part non visible de notre travail qui n’apparaît pas sur la photographie que nous ramenons et que nos exposons.

 

Visite de locaux pendant nos travaux au cours des voyages

            Lors de notre séjour dans l’oasis marocain de Figuig des paysans, des enfants, des soldats et des policiers, des touristes et même des infirmières nous ont rendu visite tous les jours pour regarder et nous questionner sur nos créations. Même les officiers de police et de douane qui étaient en service (Figuig est presque enclavé en Algérie) prirent intérêt à notre présence inusuelle et à notre travail ; nous avons apprécié leurs questions, leurs vues et leur impressions libre de toute influence occidentale, leurs commentaires directs.

            Pendant notre résidence à Millau en 2015, 767 personnes entrèrent dans le temple protestant de la ville durant la création de notre œuvre délicate de dix mètres de long. Au cours de nos deux semaines de travail, les échanges avec le public (peu de locaux, beaucoup de touristes et beaucoup de personnes dont les ancêtres avaient dû quitter la région dans le passé pour des raisons religieuses ou économiques) ont été importants pour les deux côtés. Ils ont découvert notre manière de nous exprimer en tant qu’artistes ; ils ont également constaté que l’art pouvait mettre le projecteur sur un problème qui est le leur, et nous avons eu un retour de première main sur notre travail : notre barque était riche de symboles dont nous ne nous doutions pas.

 

Le retour à la cité (que nous n’avions pas totalement quitté)

            Cela se passa grâce à une discipline artistique qui ne nous était pas familière : le Street Art. Notre projet pour une peinture (3m x 3m) a été sélectionné parmi d’autres et nous avons passé une semaine en résidence à Grande Synthe, une grande ville dortoir de la banlieue de Dunkerque. A cette occasion nous avons organisé un atelier créatif avec une dizaine d’enfants.

            Nous avions déjà une certaine expérience d’ateliers, avec des élèves du primaire. Nous aimons cette démarche de sensibiliser les enfants à l’Art. L’enfance est une bonne période pour cela ; nous savons aussi que l’art, tout comme les autres disciplines culturelles, est important pour l’intégration.   

            Nous sommes retournés en 2018 à Grande Synthe, la ville aux quatre vingts nationalités, pour créer une œuvre sur une place de la ville ; ce temps a été à nouveau mis à profit pour organiser un atelier, cette fois avec des adultes. Le thème de notre résidence ‘Art par Nature’ coïncidait parfaitement avec nos préoccupations habituelles. Cette ville ‘verte’ est une ville phare dans deux domaines : l’espace de verdure par habitant el l’accès à la culture pour tous les habitants. Nous sommes heureux de porter une contribution dans les deux domaines.

            Nous constatons aujourd’hui un intérêt croissant de villes grandes et petites pour ramener la Nature dans leurs murs après tant d’années de béton et de goudron. Parfois cela passe par des symposiums ‘jardiniers’ où les paysages classiques de s jardins sont complètement renouvelés ; parfois, des artistes sont appelés pour créer des installations dans les paysages existants. Nous sommes sensibles aux deux approches et nous essayons de participer par des installations.

 

Notre intérêt aux questions de société et aux problèmes humains.

            Comme beaucoup, nos créations peuvent être influencées par des phénomènes que nous ne pouvons pas changer mais que nous souhaitons dénoncer avec nos moyens artistiques ; nous ne sommes pas les seuls à faire ainsi, nous savons que certaines de ces œuvres sont parfois faibles par rapport à d’autres ; les thèmes traités par une installation spécifique ou un projet au cours des trois dernières années sont :

            La mort anonyme par drones activés par un col blanc face à un écran TV

            Le cauchemar des migrants en Méditerranée

            Le réchauffement global de la planète et la montée des océans

            La pollution des océans

            La détérioration de la nature

            Ouvrir l’art aux personnes qui n’y ont pas accès ou un accès difficile

Nous ne nous considérons pas comme des activistes, simplement des citoyens et artistes réagissant avec les moyens qui sont les leurs.

 

Notre participation aux parcs de sculptures

            A l’exception d’une installation en bambou qui a été exposée dans le parc de sculptures d’Oronsko, nous n’avons eu aucune autre expérience de ce type avec d’autres parcs de sculpture renommés.

            Néanmoins quelques une de nos œuvres ont été ou sont toujours exposés dans des parcs modestes au sens large, car les villes sont nombreuses à exposer des sculptures dans leurs jardins et leurs espaces publics.

            Nos contributions et leur état à ce jour sont comme suit :

2007 Nietulisko (Pologne) la fenêtre sculpture de grès (Alex), toujours en place

         Plawno (Pl) vers le soleil sculptures de bois (Alex), trois mois

2008 Bozeciski Gardens (Pl) Transfusion bois (Alex),  trois mois

          Nietulisko Décentralisme grès (Alex), toujours en place

2009 Rudnik (Pl) Géomorphie osier (Alex), dura deux ans

2010 Bressuire (France) papillon de nuit granit (Alex), toujours en place

         Saint Flour (F) cage d’hommage roseau et pierre (Alex), dura un an

2011 Gdansk (Pl) Liberté matériaux variés (Alex), dura six mois

         Sisteron (F) Dialogue pierres (Alain), démantelée en 2014

2012 Mennet (F) chemin de sculptures, Transformation pierre (Alex), toujours en place

2014 Chaillol (F) chemin d’art, Racines, bois (AL²), dura deux ans

2015 Oronsko (Pl) parc de sculptures, Univers, bambou (AL²), dura trois ans

          Monaco, Energie vitale, bambou (AL²), dura deux mois

          La Roque d’Anthéron (F), Festivaloff, le piano rouge, bambou (AL²), dura deux mois

          Przemysl (Pl) Arboretum, Drones, bois (Alain), toujours en place

          Przemysl (Pl) Arboretum, la course, bois et osier (Alex), toujours en place

2016 Trévise, Villa Raspi, sans titre, bois (AL²), dura six mois

          Przemysl (Pl) Arboretum, Croisière MMXVI, bois et osier (AL²), toujours en place

2018 Grande Synthe (F) tribut admiratif, bambou (AL²), en place pour deux à trois ans

 

Notre vision de l’Art aujourd’hui

        

         Un soir j’ai assis la Beauté sur mes genoux – et je l’ai trouvé amère – et je l’ai injuriée.                Arthur Rimbaud, 1873

 

            En guise d’introduction, laissons parler une experte, Annie Lebrun (Ce qui n’a pas de prix, Stock, 2018)

                              « Voici donc venu le temps où les catastrophes humaines s’ajoutent aux catastrophes naturelles pour abolir tout horizon. Trop d’objets, trop d’images, trop de signes se neutralisent en une masse d’insignifiance, qui n’a cessé d’envahir le paysage pour y opérer une constante censure par l’excès.            De là, un enlaidissement du monde qui progresse sans que l’on y prenne garde.           D’un continent à l’autre, l’espace est brutalisé, les formes déformées, les sons malmenés jusqu’à modifier insidieusement nos paysages intérieurs.     Jusqu’à quel point continuerons-nous d’y rester indifférents ? Jusqu’à quel degré consentirons-nous à y contribuer, fût-ce par inattention ? Jusqu’à quand accepterons-nous d’ignorer qu’il s’agit de la mise en place d’un genre inédit d’asservissement sinon de corruption ? »

 

            La vision que nous avons de l’Art aujourd’hui depuis nos zones sauvages, est loin d’être aussi vaste et documentée que celle d’Annie Lebrun.  Toutefois, à la relecture de certaines expériences auxquelles nous avons été confrontées, nous avons développé des appréciations qui sont comparables aux siennes :

            La marchandisation de l’Art, comme la marchandisation de tout autre chose, a créé des forces qui ne sont pas en faveur de l’art et du créateur. La Beauté n’est plus un mot-clé accepté universellement et chacun peut dire, écrire n’importe quoi - ou son contraire – à propos d’une œuvre d’art ; le seul engagement est pris par celui qui croît ou qui ne croît pas. Bien plus souvent qu’avant, la Communication mélange les messages à propos de l’art avec des considérations fortement commerciales : l’Art est soumis à l’esclavage de l’Economie. Ceci ne concerne pas uniquement l’art : nous trouvons aussi malheureusement le même phénomène à grande échelle dans beaucoup d’autres aspects de la vie d’aujourd’hui.

            Pour conclure, nous pensons que l’Art, qui devrait être une quête sans fin de ce qui n’a pas de prix, est malade d’avoir perdu sa liberté, mais pas plus que la société elle-même.

WORKSHOP BEHIND THE HORIZON

International Conference:
Sculpture Today III.         Art and Nature: The Sculpture Park

Centre of Polish Sculpture in Orońsko, (Poland), October 2018


artists' text

 

ALEX

She inherited sensitivity for Nature in her genes. As a girl from Warsaw, she was lucky to grow up beside the Kampinos forest. When a teenager and during her studies she climbed the Kraków-CzÄ™stochowa Upland, the Tatras and later the mountains of Bulgaria and Romania. It marked her for the whole life. She graduated as architect but finally she found her way at the Academy of Fine Arts in Warsaw.

Very quickly, as a sculptor, the need to breathe in more natural space became apparent. Consequently, she went to installations. Then the idea emerged of treating nature as a respectable being worthy of admiration.

After the opening of the borders, she enriched her usual landscapes with new foreign ones. And that is how her creative path came to cross mine.

 

ALAIN

            Let’s only say that Nature has always been and is still an important part of my life. I became a physicist and I discovered Henry Moore’s work in 1986 when I was seconded to a British laboratory. Ten years later, I started my sculptor training in Belgium on evening and week end courses.

             Walking in deserts, mountains, has always been one of my regular activities. Around the century change, instead of bringing back stones to use them as models for sculptures, I started creating during my walks with local materials found on site. I took photos to keep a record to be later exhibited. I was entering Land Art.

 

“Nomadism, the journey can be the creation process of art work”                Bruce Chatwin, 2005

 

            I developed my own concept by creating the same kind of sculpture by piling up vertically one stone on the top of the other. They were my signature along the way of my journey. I left more than 1000 such “signatures” during my trips. At that time I was conscious that each one was the symbol of my presence that day in that place. All together they represent the visible part of my artistic work.   When I met Aleksandra in 2013, I had twelve years experience of such creations.

 

ALEX & ALAIN

 

“Human being is not in Nature as an empire in one empire, he is an integral part of Nature”

Spinoza in Ethic, book III, introduction

 

            Our artistic ways were not identical but we discovered that our views about Nature, the relationship we had with it were similar. We like walking, swimming, skiing; we are both attracted by remote areas, deserts to be visited with backpacks, local people to meet.

             From then on, it was obvious to react as artists, in situ. Our creations are modest, made as milestones along the paths we follow. We use wood, stones or vegetation around us as some kind of offering we are giving back to Nature to thank it for what it offered us.

 

 “This is the landscape that creates the sculpture” Martha Palmer

            

Landscapes stimulate our creative skills. We often use them as a nest around our work, or more precisely, our work tries to reveal its beauty. 

            Our work is made spontaneously in a special landscape with materials generally found on location. It is compulsive, ephemeral and discreet. Of course, it remains on site; we only bring back photography and what is presented in the gallery is only a copy of the work, made with our interpretation.

             This symposium gives us the possibility to present at large some paths which are ours for better understanding of our work.

 

“I wish to conceive my life itself as a craftsman masterpiece”

Nagaï Kafu in “geranium infusion”

 

            The importance of the walk in our creative process, our nomadism

            Walking. Generally one hour of walk dissolves problems we have in mind, questions polluting our brain. Our muscles are warm, our sight, smell, hearing are alert, ready to capture any element of interest round us. We physically feel the place; our bodies are seen and visible (Merleau-Ponti).

             Our experiences in deserts, mountains, islands:

            We like remote areas; they represent the earth in a primary condition, intact; we can work with stones, sand, dead wood, snow, ice, light and shadow in dramatic landscapes. All of these are natural resources for the artist. Some of these areas had human settlements thousands of years ago; we are always sensitive to this past presence: some joy and humility to remember we are part of the humanity chain.

             Importance to meet and exchange with locals:

            Creating on a beach, the bank of a river, the top of a hill or on a square in town brings people to come up to us and ask: what are you doing? Curiosity is a sin in our European culture, not in many other ones and we like it.

            In remote areas we are interested in people living there. We often adopt their way of life because there is no other option. Eating their food, sleeping in local hostels, travelling by bus, collective taxis or walking provide us basic but quality contacts with locals.

             In the Moroccan Figuig oasis peasants, children, soldiers or police officers, tourists, even nurses visited us every day to look at and to talk about our creations

             Our return to the city (we did not leave totally)

            This went through a discipline we were not used to: street art. Our 3 metres on three painting was selected amongst others and we went for a week long residence in Grande Synthe, a large dormitory town in the Dunkerque suburbs.

             On that occasion we ran a workshop with children. We had yet workshops experience with pupils. In all the cases we like making children aware of art.

             We came back this year to Grande Synthe, the town with 80 different nationalities, to create an installation on a square; again, this time was used to run a workshop, with adults. The topic of “Art by Nature” fitted well with our concerns. This “green” town is a French leader in green spaces per inhabitant and culture access for the whole population.

             Our participation to sculpture parks.

            Except one of our bamboo works which remained for three years in the Oronsko Park, we do not have any experience in that field with well known sculpture parks.

             Nevertheless some of our works have been or are still in modest sculpture parks with a larger meaning to them.

 2014 Chaillol (Fr) art path “roots”, wood, lasted two years

2015 La Roque d’Antheron (Fr) festivaloff, “red piano “, bamboo, two months

2015 Przemysl Arboretum (Pl) “drones”, wood, still in place

2015 Przemysl Arboretum (Pl) “the race”, wood & wicker, still in place

2016 Treviso villa Raspi Garden (It) “sans titre”, wood, six months

2016 Przemysl Arboretum (Pl) MMXVI cruise, wood & wicker, still in place

           

Our last kinetic works

Nature is driven by periodic and kinetic forces: wind, sea waves, seasons and other elements that we experience permanently without being even aware as migration. As landart artists we may not forget it; we have tried to translate it into symbolic works as follows on the screen.

 

Our view of Art today.

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 “One evening, I sat Beauty on my knees – and I found it bitter- and I shouted at her”

Rimbaud, prologue to “A season in hell”, 1873

 

            The merchandising of Art, as the merchandising of anything else, has created forces which are not in favour of art itself and its creators. Beauty is no more a key word, and anybody can say, write anything – or its contrary – about an artwork; the only engagement is taken by the person which trusts or not. This is not only concerning art: unfortunately we find it also on a large scale in other different aspects of our today’s world.

To conclude, one can say that Art is sick, but no more than the society itself.

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